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LE ROI LEAR.

sondables plaies de la malédiction d’un père — rongent ton être tout entier !…

Il essuie ses larmes.

Ah ! mes vieux yeux débiles, — pleurez encore pour ceci, et je vous arrache, — et je vous envoie saturer la fange des larmes — que vous perdez… Quoi ! les choses en sont venues là ! — Soit ! il me reste encore une fille — qui, j’en suis sûr, est bonne et secourable. — Quand elle apprendra ceci sur toi, de ses ongles — elle déchirera ton visage de louve. Tu le verras, je reprendrai cet appareil que tu crois — pour toujours dépouillé par moi ; tu le verras, je te le garantis (33) !

Sortent Lear, Kent et sa suite.
goneril.

— Entendez-vous cela, milord ?

albany.

— Goneril, je ne saurais être tellement partial — pour la grande affection que je vous porte…

goneril.

— De grâce, soyez calme… Holà ! Oswald !

Au fou.

— Vous, l’ami, plus fourbe que fou, suivez votre maître. —

le fou.

M’n oncle Lear, m’n oncle Lear, attends, emmène ton fou avec toi.

Il fredonne :

Une renarde qu’on aurait prise
En compagnie d’une telle fille
Serait bientôt au charnier,
Si ma cape pouvait payer une corde !
Sur ce, le fou ferme la marche.

Il sort.
goneril.

— Cet homme a eu une bonne idée !… Cent cheva-