Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 9.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.
255
SCÈNE IV.


Entre Lear, avec ses chevaliers et sa suite.
lear.

Que je n’attende pas le dîner un instant ! Allez, faites-le servir.

Quelqu’un de la suite sort.
À Kent.

Eh ! toi, qui es-tu ?

kent.

Un homme, monsieur.

lear.

Quelle est ta profession ? Que veux-tu de nous ?

kent.

Ma profession, la voici : ne pas être au-dessous de ce que je parais, servir loyalement qui veut m’accorder sa confiance, aimer qui est honnête, frayer avec qui est sage et qui parle peu, redouter les jugements, combattre, quand je ne puis faire autrement, et ne pas manger de poisson (30) !

lear.

Qui es-tu ?

kent.

Un compagnon fort honnête et aussi pauvre que le roi.

lear.

Si tu es aussi pauvre comme sujet qu’il l’est comme roi, tu es assez pauvre en effet. Que veux-tu ?

kent.

Du service.

lear.

Qui voudrais-tu servir ?

kent.

Vous.

lear.

Me connais-tu, camarade ?