Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 9.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
SCÈNE III.

et entendu : rien qui puisse vous donner idée de l’horrible réalité. Je vous en prie, partez.

edgar.

Aurai-je bientôt de vos nouvelles ?

edmond.

Je suis tout à votre service en cette affaire.

Edgar sort.

— Un père crédule, un noble frère — dont la nature est si éloignée de faire le mal — qu’il ne le soupçonne même pas !… Comme sa folle honnêteté — est aisément dressée par mes artifices !… Je vois l’affaire… — Que je doive mon patrimoine à mon esprit, sinon à ma naissance ! — Tout moyen m’est bon, qui peut servir à mon but.

Il sort.

SCÈNE III.
[Dans le château du duc d’Albany.]
Entrent Goneril et son intendant Oswald.
goneril.

Est-il vrai que mon père ait frappé un de mes gentilshommes qui réprimandait son fou ?

oswald.

Oui, madame.

goneril.

— Nuit et jour il m’outrage ; à toute heure — il éclate en quelque grosse incartade — qui nous met tous en désarroi : je ne l’endurerai pas. — Ses chevaliers deviennent turbulents, et lui-même récrimine contre nous — pour la moindre vétille… Quand il reviendra de la chasse, — je ne veux pas lui parler ; dites que je suis malade. — Si vous vous relâchez dans votre service, vous ferez bien ; je répondrai de la faute.

Bruit de cors.