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SCÈNE II.

étoiles ! Mon père s’est conjoint avec ma mère sous la queue du Dragon, et la Grande Ourse a présidé à ma nativité : d’où il s’ensuit que je suis brutal et paillard. Bah ! j’aurais été ce que je suis, quand la plus virginale étoile du firmament aurait cligné sur ma bâtardise… Edgar !


Entre Edgar.
edmond, continuant, à part.

Il arrive à point comme la catastrophe de la vieille comédie. Mon rôle, à moi, est une sombre mélancolie, accompagnée de soupirs comme on en pousse à Bedlam…

Haut, d’un air absorbé.

Oh ! ces éclipses présagent toutes ces divisions… Fa, sol, la, mi !

edgar.

Eh bien, frère Edmond ! Dans quelle sérieuse méditation êtes-vous donc ?

edmond.

Je réfléchis, frère, à une prédiction que j’ai lue l’autre jour, sur ce qui doit suivre ces éclipses.

edgar.

Est-ce que vous vous occupez de ça ?

edmond.

Les effets qu’elle énumère ne se manifestent, je vous assure, que trop, malheureusement : discordes contre nature entre l’enfant et le père, morts, disettes, dissolutions d’amitiés anciennes, divisions dans l’État, menaces et malédictions contre le roi et les nobles, dissidences sans motif, proscriptions d’amis, dispersions de cohortes, infidélités conjugales, et je ne sais quoi.

edgar.

Depuis quand êtes-vous adepte de l’astronomie ?

edmond.

Allons, allons ! Quand avez-vous quitté mon père (27) ?