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CORIOLAN.

ront plus. Allons, ma mère, — reprenez ce courage qui vous faisait dire — que, si vous aviez été la femme d’Hercule, — vous auriez accompli six de ses travaux pour alléger — d’autant la besogne de votre époux… Cominius, — pas d’abattement : adieu !… Adieu, ma femme ! ma mère ! — Je m’en tirerai… Mon vieux et fidèle Ménénius, — tes larmes sont plus âcres que celles d’un jeune homme ; — elles enveniment tes yeux…

À Cominius.

Mon ancien général, — je t’ai vu souvent assister impassible — à des spectacles déchirants : dis à ces tristes femmes — qu’il est aussi puéril de déplorer des revers inévitables — que d’en rire… Ma mère, vous savez bien — que mes aventures ont toujours fait votre joie ; et — croyez-le fermement, parti dans l’isolement, — je serai comme le dragon solitaire qui, du fond de son marécage, — jette l’effroi, et fait parler de lui plus qu’il ne se fait voir ! Ou votre fils — parviendra à dominer la multitude, où il sera pris — aux piéges cauteleux de la trahison.

volumnie.

Ô le premier des fils, — où iras-tu ? Laisse le bon Cominius — t’accompagner un peu : et fixe avec lui ton itinéraire — au lieu de t’exposer à tous les accidents — qui peuvent surgir devant toi sur une route hasardeuse.

coriolan.

Ô dieux !

cominius.

— Je t’accompagnerai pendant un mois ; et nous déciderons ensemble — où tu résideras, que tu puisses recevoir de nos nouvelles — et nous donner des tiennes. De cette façon, si l’avenir nous offre — une chance pour te rappeler, nous n’aurons pas à fouiller — le vaste univers pour trouver un seul homme ; — et nous ne perdrons pas l’occasion, toujours prête à se refroidir — pour un absent.