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CORIOLAN.

cominius.

— Le peuple est trompé, égaré !… Cette chicane — est indigne de Rome ; et Coriolan — n’a pas mérité qu’un si injurieux obstacle fût jeté perfidement — sur la voie ouverte à son mérite.

coriolan.

Vous me parlez de blé ! — Voici ce que j’ai dit, et je vais le répéter.

ménénius.

— Pas maintenant, pas maintenant !

premier sénateur.

Pas dans cette effervescence, seigneur.

coriolan.

Si fait ! sur ma vie, je parlerai… J’implore le pardon de mes nobles amis ! — Quant à la multitude inconstante et infecte, qu’elle se mire — dans ma franchise et s’y reconnaisse ! Je répète — qu’en la cajolant, nous nourrissons contre notre sénat — les semences de rébellion, d’insolence et de révolte — que nous avions déjà jetées et semées dans le sillon — en frayant avec les plébéiens, nous, les gens d’élite, — à qui appartiendraient toutes les dignités et tous les pouvoirs, si nous — ne les avions en partie livrés à ces mendiants.

ménénius.

Assez, de grâce.

premier sénateur.

— Taisez-vous, nous vous en supplions !

coriolan.

Comment, me taire ! — J’ai versé mon sang pour mon pays — sans craindre aucune résistance extérieure ! Rien n’empêchera que mes poumons — ne forgent jusqu’à épuisement des imprécations contre ces ladres — dont le contact nous dégoûte et dont nous faisons — tout ce qu’il faut pour attraper la lèpre.