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CORIOLAN.

il vous sollicitait, — quand il avait besoin de vos sympathies, croyez-vous — que ses mépris ne seront pas accablants pour vous — quand il aura le pouvoir de vous écraser ? Quoi ! dans toutes vos poitrines, pas un cœur ne battait donc ! Vous n’aviez donc de langues que pour insulter — à l’autorité de la raison !

sicinius,

N’avez-vous pas — déjà refusé maint solliciteur ? et voilà qu’aujourd’hui — un homme qui ne vous sollicite pas, qui vous bafoue, obtient de vous — des suffrages implorés par tant d’autres !

troisième citoyen.

— Il n’est pas confirmé ; nous pouvons le refuser encore.

deuxième citoyen.

Et nous le refuserons. — J’aurai pour cela cinq cents voix unanimes.

premier citoyen.

— Et moi, j’en aurai mille, grossies par des voix amies.

brutus.

— Allez immédiatement dire à ces amis — qu’ils ont choisi un consul qui leur enlèvera — leurs libertés et ne leur laissera d’autre voix — que celle des chiens qui si souvent se font battre en aboyant, — quoique élevés à aboyer.

sicinius.

Qu’ils s’assemblent, — et qu’après un examen plus réfléchi, tous révoquent — ce choix inconsidéré. Faites valoir son orgueil — et sa vieille haine contre vous : rappelez, en outre, — avec quelle arrogance il portait ses humbles vêtements, — avec quelle insolence il vous sollicitait. Mais dites que vos sympathies — acquises à ses services vous ont empêchés — de remarquer son attitude présente,