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SCÈNE XIII.

troisième citoyen.

Vous avez été la discipline de ses ennemis, et le fléau de ses amis ; en effet, vous n’avez jamais aimé le commun peuple.

coriolan.

Je devrais être, à votre compte, d’autant plus vertueux que je n’ai pas eu d’affection commune. Pourtant, monsieur, je consens à flatter les gens du peuple, mes frères jurés, afin d’obtenir d’eux une plus cordiale estime. Puisqu’ils tiennent ce procédé pour aimable, puisque dans leur sagesse ils préfèrent les mouvements de mon chapeau à ceux de mon cœur, je veux m’exercer au hochement le plus insinuant, et les aborder en parfait pantomime ; c’est-à-dire, monsieur, que je mimerai les gracieusetés enchanteresses de quelque homme populaire, et les prodiguerai généreusement aux amateurs. En conséquence, je vous conjure de me nommer consul.

quatrième citoyen.

Nous espérons trouver en vous un ami, et en conséquence nous vous donnons nos voix de tout cœur.

troisième citoyen.

Vous avez reçu bien des blessures pour votre pays ?

coriolan.

Il est inutile que je vous les montre pour mettre le sceau à vos informations. Je ferai grand cas de vos voix, et sur ce, je ne veux pas vous déranger plus longtemps.

les deux citoyens.

Les dieux vous tiennent en joie, monsieur ! de tout cœur.

Ils s’éloignent.
coriolan.

Voix exquises !… — Mieux vaut mourir, mieux vaut se laisser affamer — que d’avoir à implorer un salaire déjà mérité. — Pourquoi viens-je ici, sous cette robe de loup,