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CORIOLAN.

luttent — sur leurs joues délicates, aux licencieux ravages — des baisers brûlants de Phébus : c’est une cohue ! — On dirait que le dieu qui le guide, — quel qu’il soit, s’est furtivement insinué dans sa personne mortelle — et donne de la grâce à ses allures.

sicinius.

Du coup, — je le garantis consul.

brutus.

Alors notre autorité risque fort — de sommeiller, durant son gouvernement.

sicinius.

— Il n’aura pas la modération d’exercer ses fonctions — dans les limites où elles doivent commencer et finir ; mais — il perdra le pouvoir même qu’il a conquis.

brutus.

C’est ce qui doit nous rassurer.

sicinius.

N’en doutez pas, — les gens du peuple que nous représentons, — mus par leurs anciennes rancunes, oublieront — à la moindre occasion ses titres récents ; — et cette occasion, je suis sûr que lui-même se fera gloire — de la leur fournir.

brutus.

Je l’ai entendu jurer — que, s’il briguait le consulat, il ne voudrait jamais — paraître en place publique, affublé — des vêtements râpés du suppliant, — ni, comme c’est l’usage, montrer ses blessures — aux plébéiens, pour mendier leurs voix puantes.

sicinius.

C’est vrai.

brutus.

— Ce sont ses paroles. Oh ! Il aimerait mieux renoncer à la charge — que l’obtenir autrement que par les vœux des gentilshommes — et le désir des nobles.