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CORIOLAN.

brutus.

Allez, allez, on sait fort bien que vous êtes plus parfait comme farceur à table, que nécessaire comme législateur au Capitole.

ménénius.

Nos prêtres eux-mêmes deviendraient moqueurs, s’ils rencontraient des objets aussi ridicules que vous. Ce que vous dites de plus sensé ne vaut pas la peine de remuer vos barbes ; et ce serait faire à vos barbes de trop nobles obsèques que d’en rembourrer le coussin d’un ravaudeur ou de les ensevelir dans le bât d’un âne. Et vous osez dire que Marcius est fier, lui qui, estimé au plus bas, vaut tous vos prédécesseurs depuis Deucalion, parmi lesquels les meilleurs peut-être ont été bourreaux de père en fils. Le bonsoir à vos révérences ! Ma cervelle serait infectée par une plus longue conversation avec vous, pâtres des bestiaux plébéiens. J’oserai prendre congé de vous.

Brutus et Sicinius se retirent au fond de la scène.


Entrent Volumnie, Virgilie, Valérie, et leurs suivantes.

Eh bien, mes belles, mes nobles dames (et la Lune, descendue sur terre, ne serait pas plus noble), où suivez-vous si vite vos regards ?

volumnie.

Honorable Ménénius, mon fils Marcius approche ; pour l’amour de Junon, partons !

ménénius.

Ha ! Marcius revient !

volumnie.

Oui, digne Ménénius, dans le plus éclatant triomphe.

ménénius, jetant son bonnet en l’air.

Reçois mon bonnet, Jupiter ; je te remercie. Ho ! ho ! Marcius revient !