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SCÈNE VI.

tambourin — que je ne distingue la voix de Marcius — de celle d’un homme inférieur.

marcius.

Suis-je arrivé trop tard ?

cominius.

— Oui, si vous ne revenez pas couvert du sang d’autrui, — mais du vôtre.

marcius, embrassant Cominius.

Oh ! laissez-moi vous étreindre — d’un bras aussi énergique que quand je faisais l’amour, sur un cœur — aussi joyeux qu’au jour de mes noces, — quand les flambeaux m’éclairèrent jusqu’au lit conjugal !

cominius.

Fleur des guerriers, — qu’est devenu Titus Lartius ?

marcius.

— Il est occupé à rendre des décrets, — condamnant les uns à mort, les autres à l’exil, — rançonnant celui-ci, graciant ou menaçant celui-là ; — tenant Corioles au nom de Rome, — comme un humble lévrier en laisse, — qu’il peut lâcher à volonté.

cominius.

Où est le drôle — qui m’a dit qu’on vous avait chassés jusqu’à vos retranchements ? — Où est-il ? Qu’on l’appelle !

marcius.

Laissez-le tranquille, — il a rapporté la vérité. Quant à nos gentilshommes — de la canaille (fi ! des tribuns pour eux !), — jamais la souris n’a fui le chat comme ils ont lâché pied — devant des gueux pires qu’eux-mêmes.

cominius.

Mais comment avez-vous eu le dessus ?

marcius.

— Est-ce le moment de le dire ? Je ne le crois pas… —