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SCÈNE II.

julia.

— Que penses-tu du gentil Protée ?

lucette.

— Seigneur ! Seigneur ! voir ainsi comme la sottise règne en nous !

julia.

— Eh bien ! que signifie cette émotion à ce nom ?

lucette.

— Pardon, chère madame ! Il est par trop honteux — que moi, indigne créature, — je prononce un jugement sur de si aimables gentilshommes !

julia.

— Pourquoi pas sur Protée, comme sur tous les autres ?

lucette.

— Tout simplement parce que, de tous les bons, je le crois le meilleur.

julia.

— Et votre raison de le croire ?

lucette.

— Je n’en ai pas d’autre qu’une raison de femme : — je le crois, parce que je le crois.

julia.

— Et tu voudrais me voir jeter mon amour sur lui ?

lucette.

— Oui, si vous ne croyez pas votre amour ainsi jeté au vent.

julia.

— Eh bien, il est de tous celui qui m’a le moins pressée.

lucette.

— C’est qu’il est de tous, à mon avis, celui qui vous aime le plus.