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APPENDICE.

Ganimède, si gaiement accueilli par le pauvre paysan, salua la compagnie et surtout Rosader à qui il déclara qu’il était charmé de le voir si bien rétabli de ses blessures.

— À peine suis-je sorti, dit Rosader, que me voilà invité à un mariage qui doit être célébré dimanche prochain entre mon frère et Aliéna. Je vois bien que, là où règne l’amour, les délais sont fastidieux et qu’une courte déclaration est tout ce qu’il faut, quand les parties sont d’accord.

— C’est vrai, dit Ganimède, mais quel heureux jour ce serait, si Rosader pouvait, ce jour-là même, être marié à Rosalinde !

— Ah ! bon Ganimède, ne renouvelle pas mes douleurs en nommant Rosalinde, car le souvenir de ses perfections est le sceau de mon malheur.

— Bah ! s’écria Ganimède, aie bon courage, mon cher : j’ai un ami qui est profondément expérimenté en nécromancie et en magie ; tout ce que l’art peut accomplir sera fait en ta faveur. Je lui ferai évoquer Rosalinde, qu’elle soit cachée en France ou dans quelque pays limitrophe.

Aliéna sourit en voyant la moue que faisait Rosader, persuadé que Ganimède s’était moqué de lui. La journée se passa en causerie, et tous se séparèrent au coucher du soleil. Aliéna prépara, pour le jour des noces, le banquet le plus solennel et la plus belle toilette que permît l’existence pastorale, et fit d’autant plus de frais que Rosader avait promis d’amener Gérismond à la fête. Ganimède, ayant l’intention de se faire reconnaître à son père, s’était fait une robe tout enguirlandée et une jupe du plus beau taffetas, si bien qu’elle ressemblait à quelque nymphe céleste, revêtue d’un costume champêtre.

Enfin le dimanche arriva. À peine l’écuyer de Phébus avait paru dans les cieux pour annoncer à son maître que ses chevaux étaient attelés à son radieux coche, et déjà