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INTRODUCTION.


I

L’Angleterre est, de toutes les nations occidentales, celle qui a subi le plus lentement l’influence de la Renaissance. Dans cette île, peuplée de colonies celtiques, germaniques et scandinaves, la contre-révolution classique du Midi devait trouver la résistance de la géographie et de la langue, de la terre et de la race, de la nature et de l’homme.

Isolée par sa situation même, l’Angleterre le fut encore par les événements. Pendant le seizième siècle, elle ne put prendre qu’une part indirecte aux guerres d’Italie : elle n’assista presque que comme témoin à ce grand duel qui eut lieu dans la Péninsule entre les princes de la maison de Valois et les princes de la maison d’Autriche. L’Angleterre ne fut pas, comme la France, mêlée à l’Italie par des invasions périodiques et par une occupation prolongée. Les armées féodales que Charles VIII, Louis XII, François Ier et Henri II entraînèrent successivement au delà des Alpes n’étaient pas simplement des colonnes en marche ; c’était un peuple s’emparant d’un autre peuple ; c’était la race franque prenant possession de la race latine dans l’étreinte violente de quatre générations. L’Angle-