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VÉNUS ET ADONIS.

autour de sa cuisse pour l’arrêter ; farouche, elle s’arrache à leurs étroits embrassements, comme une biche laitière que tourmentent ses mamelles gonflées et qui s’empresse pour nourrir son faon caché dans un hallier.

CXLVII

Sur ce, elle entend le cri de la meute aux abois ; elle tressaille comme quelqu’un qui aperçoit sur son chemin, déroulant ses anneaux funestes, un serpent dont l’horreur le fait trembler et frémir : de même le jappement plaintif des limiers épouvante les sens et confond les esprits de Vénus.

CXLVIII

Car elle reconnaît à présent que ce n’est plus une chasse inoffensive : l’animal poursuivi est le sanglier farouche, l’ours brutal ou le lion superbe ; en effet, le cri part toujours du même point, et les chiens jettent d’effroyables clameurs, trouvant leur ennemi si formidable qu’ils reculent tous devant l’honneur de commencer l’attaque.

CXLIX

Ce cri sinistre retentit lugubrement a son oreille, et pénètre par surprise jusqu’à son cœur qui, accablé par l’inquiétude et la frayeur blême, glace d’épouvante tous ses sens défaillants : tels des soldats, quand leur capitaine se rend, fuient lâchement sans oser tenir la campagne.

CL

Ainsi elle reste dans une tremblante extase ; enfin, ranimant ses sens paralysés d’effroi, elle leur déclare que