Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
VÉNUS ET ADONIS.

CIII

« Tu serais déjà parti, doux enfant, répond-elle, si tu ne m’avais pas dit que tu veux chasser le sanglier. Oh ! sois prudent ! tu ne sais pas ce que c’est que de blesser avec la pointe d’une javeline un porc farouche qui, pareil au boucher sanguinoire, aiguise continuellement pour le meurtre ses défenses toujours tendues.

CIV

» Sur son dos il a une légion de piques roides qui sans cesse menacent ses ennemis ; ses yeux brillent comme des vers luisants quand il s’irrite ; son groin creuse des sépulcres partout où il passe ; une fois en mouvement, il frappe tout ce qu’il rencontre, et ses cruelles défenses tuent tout ce qu’il frappe.

CV

» Ses flancs charnus, armés de soies hérissées, sont à l’épreuve de la pointe de ta lance ; son col épais et court ne peut être aisément entamé ; furieux, il se risquerait contre le lion ; les broussailles épineuses et les fourrés entremêlés à travers lesquels ils s’élance, s’écartent, comme effrayés de lui.

CVI

» Hélas ! il ne respecterait pas ton visage, auquel les yeux de l’amour paient le tribut de leur contemplation, ni tes douces mains, ni ces douces lèvres, ni ces yeux de cristal, dont la perfection éblouit tout le monde. Mais s’il