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VÉNUS ET ADONIS.

est juge en amour, elle ne peut gagner sa cause ! Et alors elle pleure, et alors elle voudrait parler, et alors les sanglots lui coupent la parole.

XXXVIII

Parfois elle agite sa tête, parfois la main d’Adonis ; tantôt elle fixe les yeux sur lui, tantôt à terre. Par moments ses bras l’entourent comme une ceinture ; elle veut l’enlacer dans ses bras, il s’y refuse ; et, quand il tâche de se dégager de là, elle lui serre les doigts entre ses doigts de lis.

XXXIX

« Mignon, dit-elle, puisque je te liens ici enfermé dans cet enclos d’ivoire, je serai le parc, et tu seras mon agneau ; rassasie-toi où tu voudras, sur la côte ou au vallon, repais-toi sur mes lèvres ; et, si ces hauteurs sont arides, erre plus bas, là où sont cachées les sources exquises.

XL

» Dans ces limites tu trouveras tout à souhait, suaves pelouses profondes, plaines hautement délicieuses, ronds coteaux, buissons obscurs et touffus, pour te garantir de la tempête et de la pluie. Sois donc mon agneau, puisque je suis un tel parc ; les chiens ne t’y poursuivront pas, quand ils aboieraient par milliers. »

XLI

À ces mots Adonis sourit comme par dédain, et sur chacune de ses joues apparaît une jolie fossette que