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VÉNUS ET ADONIS

Vilia miretur vulgus, mihi flavus Apollo
Pocula Castalia plena ministret aqua.
Ovid.


I

À peine le soleil à la face empourprée avait-il reçu le dernier adieu de l’aurore en pleurs, qu’Adonis aux joues roses courut aux halliers : il aimait la chasse, mais, l’amour, il en riait jusqu’au dédain. La languissante Vénus va droit à lui, et en solliciteuse hardie se met à le courtiser :

II

« Toi qui es trois fois plus beau que moi-même, dit-elle tout d’abord, fleur souveraine de la prairie, d’une suavité incomparable ; toi qui éclipses toutes les nymphes, plus aimable qu’un homme, plus blanc et plus vermeil que colombes ou roses, la nature qui t’a fait, en lutte avec elle-même, a dit que le monde doit finir avec ta vie.

III

» Daigne, ô merveille, descendre de ton destrier, et rêne sa tête altière à l’arçon de ta selle. Si tu m’accordes cette faveur, pour ta récompense, tu connaîtras mille secrets emmiellés. Viens t’asseoir ici, où jamais le serpent ne siffle, et aussitôt je t’étoufferai de baisers.