Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
SONNETS.

Et les autres coups du malheur, qui me font l’effet de malheurs, ne me le paraîtront plus, quand je t’aurai perdu.

XCIV

Les uns se glorifient de leur naissance, d’autres de leur talent, d’autres de leur richesse, d’autres de leur vigueur corporelle, d’autres de leurs vêtements enlaidis à la mode nouvelle ; ceux-ci de leurs faucons et de leurs chiens, ceux-là de leurs chevaux ;

Il n’est pas de goût qui ne comporte une satisfaction à laquelle il trouve une joie sans égale ; mais aucune de ces jouissances n’est la mesure de la mienne, et je les centuple toutes dans un bonheur suprême.

Ton affection me rend plus noble qu’une haute naissance, plus riche que l’opulence, plus élégant que les vêtements coûteux, plus joyeux que faucons ou que chevaux. En te possédant, je me vante de toutes les fiertés humaines.

Misérable en ceci seulement que tu peux m’enlever tout cela et me faire le plus misérable du monde !

XCV

Mais va, démène-toi pour te dérober à moi. Tu m’appartiens sûrement jusqu’au terme de ma vie. Ma vie ne durera pas plus longtemps que ton affection, car c’est de ton affection pour moi qu’elle dépend.

Donc, quel besoin ai-je de craindre la pire de tes