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RICHARD II.

ment imploré — de votre grâce un pardon que j’espère avoir obtenu. — Voilà mes fautes. Quant aux autres accusations, — elles émanent de la rancune d’un scélérat, — d’un mécréant, du plus dégénéré des traîtres. — C’est ce que j’entends soutenir hardiment de ma personne ; — et, à mon tour, je lance mon gage, — aux pieds de ce traître outrecuidant, — décidé à prouver ma loyauté de gentilhomme — dans le sang le plus pur que recèle sa poitrine. — Dans ma hâte, je supplie instamment — Votre Altesse de nous assigner le jour de l’épreuve.

richard.

— Gentilshommes que le courroux enflamme, laissez-vous guider par moi. — Purgeons cette colère sans tirer de sang : — voilà ce que nous prescrivons, sans être médecin. — Une profonde inimitié fait une incision trop profonde ; — oubliez, pardonnez ; arrangez-vous et mettez-vous d’accord. — Nos docteurs disent que ce n’est pas le moment de saigner… — Bon oncle, que cette querelle finisse où elle a commencé : — nous calmerons le duc de Norfolk ; vous, calmez votre fils.

jean de gand.

— Être pacificateur convient à mon âge… — Mon fils, rejetez le gage du duc de Norfolk.

richard.

— Et vous, Norfolk, rejetez le sien.

jean de gand.

— Eh bien, Harry, en bien ? — Quand l’obéissance ordonne, je ne devrais pas ordonner deux fois.

richard.

— Norfolk, répétez cela ; nous ordonnons ! Inutile délai !

norfolk.

— Je me jette moi-même à tes pieds, redouté souverain ; — ma vie est à ton service, mais non ma honte. —