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RICHARD II.

bien ! baisse-toi. — Par ce gage et par tous les rites de la chevalerie, — je veux, en croisant le fer, te rendre raison — de ce que j’ai dit et de toutes les injures que tu pourras inventer.

norfolk.

— Je le relève, et, je le jure par cette épée — qui doucement apposa ma chevalerie sur mon épaule, — je suis prêt à te faire réponse par tout moyen loyal, — dans toutes les formes honorables de l’épreuve chevaleresque ; — et, une fois en selle, puissé-je n’en pas descendre vivant, — si je suis un traître ou si je combats injustement !

bolingbroke.

— Écoutez ! Ce que je déclare, ma vie est engagée à le prouver : — je dis que Mowbray a reçu huit mille nobles, — destinés à la paie des soldats de Votre Altesse, — qu’il a détenus pour des usages criminels, — comme un traître félon et un infâme scélérat. — Je dis en outre (et le prouverai en combattant, — ou ici, ou ailleurs, fût-ce aux plus lointains parages — qu’ait jamais aperçus un regard anglais), — je dis que toutes les trahisons qui depuis dix-huit ans — ont été complotées et tramées dans ce pays — ont le fourbe Mowbray pour chef et pour fauteur. — Je dis encore (et je prouverai encore — ma bonne foi aux dépens de sa mauvaise vie) — que c’est lui qui a comploté la mort du duc de Glocester, — qui a instigué ses trop crédules adversaires, — et qui, conséquemment, comme un traître et un couard, — a fait ruisseler son âme innocente dans des torrents de sang. — Ce sang, comme celui du sacrifice d’Abel, crie — du fond même des cavernes muettes de la terre ; — il réclame de moi justice et rude châtiment, — et, par la glorieuse dignité de ma naissance, — ce bras le vengera, ou j’y perdrai cette vie !