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APPENDICE.

sonnier, on leur trancha les têtes, lesquelles furent mises sur quatre glaives, à la porte du pont de Londres, et les corps traînés par les épaules au gibet, et là pendus.

Cette justice faite, il fut dit au roi, de ceux qui avec lui étaient : — Sire, nous n’avons rien en nos vies : ainsi comme il appert. Quand votre cousin de Lanclastre vint au château de Fluich, il vous eut en convenant que vous et douze des vôtres demeureraient ses prisonniers et n’auraient autre mal : et, de ces douze, quatre en sont exécutés honteusement. Nous n’en devons aussi attendre autre chose.

À ces mots commença le roi Richard moult tendrement à pleurer et tordre ses mains.

— Et que voulez-vous (dit le roi) que je fasse ? Il n’est chose que je ne doive faire pour nous sauver.

— Sire (dit le chevalier), nous disons vérité, et les apparences nous en voyons que les Londriens veulent couronner à roi votre cousin de Lanclastre. Or, n’est possible, tant que vous soyez en vie, si vous ne le consentez, que le couronnement se puisse faire. Si vous mettons en termes, pour votre saluation et la nôtre, quand votre cousin viendra ici parler à vous (et le mandez pour la besogne avancer) que par douces et traitables paroles dites que vous voulez la couronne d’Angleterre résigner publiquement en ses mains : et lors vous lui prierez affectueusement qu’il vous laisse ici vivre ou ailleurs, et nous aussi avec vous, et chacun à part lui on envoyé hors d’Angleterre comme banni : car qui perd la vie perd tout.

Le roi Richard entendit bien ces paroles, et dit qu’il ferait tout ainsi qu’on le conseillait.


Comment le roi Richard d’Angleterre résigna sa cou-