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APPENDICE.

et était raison (car elle lui touchait plus qu’à nul homme) et partit de Londres en grand arroi. Ainsi que lui et les Londriens cheminaient vers Bristol, tout le pays s’émouvait et venait devers eux.

Nouvelles vinrent, en l’ost du roi Richard, de la venue du comte d’Erby et des Londriens. Quand le roi ouït ces paroles, il fut tout ébahi et ne sut que dire (car tous les esprits lui frémirent) et connut tantôt que les choses iraient mauvaisement si de puissance il n’y pouvait pourvoir : et, quand il répondit, il dit aux chevaliers qui lui contèrent ces nouvelles :

— Or faites tôt appareiller nos gens, et archers, et gendarmes : et faites faire un mandement par tout le royaume que tout soit prêt : car je ne veux pas fuir devant mes sujets.

— Pardieu (répondirent les chevaliers) la besogne va mal : car vos gens vous laissent et défuient, vous en avez jà bien perdu la moitié : et encore voyons-nous le demeurant tout ébahi et perdre contenance.

— Et que voulez donc (dit le roi) que je fasse ?

— Nous le vous dirons, sire, votre puissance est nulle contre celle qui vient contre vous : et à la bataille vous ne ferez rien. Il faut que vous issiez d’ici par sens et par bon conseil, et que vous apaisiez vos malveillants, ainsi qu’autrefois vous avez fait, et puis les corrigez tout à loisir. Il y a un château à douze milles d’ici (qui se nomme Fluich[1], lequel est fort assez. Nous vous conseillons que vous vous tirez celle part, et vous enfermez dedans, et vous y tenez, tant que voudrez, et aurez autres nouvelles du comte de Hostidonne, votre frère, et de vos amis : et on envoyera en Irlande et partout au secours : et, si le roi de France, votre beau-père et grand

  1. Flint, dans la chronique et dans le drame anglais.