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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE FROISSART.

du comte maréchal) s’ordonne à ce que, dedans quinze jours, il vide le royaume d’Angleterre, et soit banni de notre dit royaume le terme de dix ans, sans point y retourner, si nous ne le rappelons[1].


Comment le comte d’Erby, après son banissement donné, se partit d’Angleterre et de la ville de Londres, pour venir en France, et aussi le comte maréchal s’en alla en Flandres ; et de là en Lombardie.


Quand les deux comtes surent la sentence que le roi leur avait rendue, si furent tout pensifs, et à bonne cause, et moult se repentait le comte maréchal de ce que dit et fait avait : mais il n’y pouvait pourvoir, et quand il commença la noise, il pensait autrement être aidé et soutenu du roi qu’il ne fut, car s’il en eût su issir par tel parti, il eût encore à commencer. Si ordonna ses besognes, puis se départit d’Angleterre, et vint à Calais (dont il avait été paravant capitaine et gouverneur), puis vint à Bruges, et fut là environ quinze jours, et de Bruges, à Gand, à Malines et finalement à Cologne. Nous nous souffrirons à parler de lui et parlerons du comte d’Erby, qui pareillement s’ordonna pour aller hors d’Angleterre. Quand le terme auquel il dut partir s’approcha, il vint à Elten, devers le roi, où étaient son père et son oncle le duc d’Iorck, et étaient en sa compagnie le comte de Norlhombellande, et son fils, messire Henri de Persi[2] ; et grand nombre de chevaliers qui moult l’aimaient… Quand ce vint au congé prendre, le roi s’humilia par semblant moult grandement devers

  1. Ce récit diffère essentiellement de la narration d’Holinshed qui met les deux adversaires aux prises, et fait suspendre le combat par la sentence royale. Shakespeare a suivi la version, beaucoup plus dramatique, du chroniqueur anglais.
  2. Henry Percy, si célèbre sous le nom de Hotspur.