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APPENDICE.

plates que des mailles, le dit seigneur de Milan ordonna quatre des meilleurs ouvriers armuriers qui fussent en Lombardie, pour aller en Angleterre avec le dit chevalier, pour entendre à armer à son point le comte d’Erby, Le comte maréchal, d’autre part, envoya aussi en Allemagne, et là où il pensait être aidé de ses amis, et se pourvoyait aussi moult grandement pour tenir sa journée…

Quand la journée approcha que les deux seigneurs dessus nommés devaient faire les armes en la forme et manière que convenance l’avaient, et n’attendaient autre chose, sinon qu’on les mît ensemble, il fut un jour qu’on demanda au roi d’Angleterre, en grand secret et spécialité de conseil : — Sire, quelle est votre intention de la défiance entreprise entre ces deux seigneurs vos cousins, le comte d’Erby et le comte maréchal ? Les laisserez-vous convenir ?

— Oui, dit le roi. Pourquoi non ?

— Sire, dirent ceux qui parlaient à lui, commune renommée court parmi Angleterre que vous êtes cause de ce fait et que vous avez fait tirer avant le comte maréchal pour combattre le comte d’Erby : et disent les Londriens généralement, et moult des nobles et prélats de ce pays, que vous allez le droit chemin pour détruire votre lignage et le royaume d’Angleterre : lesquelles choses ne vous seront point souffertes ; et si les Londriens s’élèvent contre vous avec les nobles, qui ira au-devant ? Vous n’avez nulle puissance, si elle ne vient de vos hommes, et sachez que, si vous faites ces deux comtes venir en armes l’un contre l’autre, vous ne serez pas sire de la place : mais le seront les Londriens, avec grandes alliances des nobles, lesquels ils ont en ce pays, et tous ont amour et faveur au comte d’Erby, et tant est conçu en grande haine le comte maréchal de