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APPENDICE.

mais dissimula, et la tint impétueuse trop grandement contre le roi, et ne s’en put taire en soi-même : et vint assez tôt après ces paroles dites entre lui et le comte d’Erby devant le roi, et, pour lui complaire, il lui dit ainsi :

— Très-cher Sire et redouté, je suis de votre sang, et votre homme lige, et maréchal d’Angleterre, et ai juré, de ma main en la vôtre, que je ne dois ni puis être en lieu ni place où on puisse rien dire qui touche nul vice à l’encontre de Votre Majesté royale : et là où je le cèlerais, ou dissimulerais, je devrais être tenu à faux, mauvais et traître. Laquelle chose je ne veux pas être, mais moi acquitter envers vous, en tous états.

Le roi d’Angleterre assit son regard sur lui, et demanda : — Pourquoi dites-vous ces paroles, comte maréchal ?

— Mon très-cher et redouté seigneur, répondit le comte, faites venir avant le comte d’Erby, et je parlerai outre.

Donc fut appelé de par le roi le comte d’Erby : et le roi fit lever le comte maréchal qui avait parlé à lui à deux genoux. Quand le comte d’Erby fut venu avant (qui nul mal n’y pensait), le comte maréchal dit ainsi :

— Comte d’Erby, je vous dis que vous avez pensé mal, et parlé autrement que vous ne dussiez contre votre naturel seigneur le roi d’Angleterre : quand vous avez dit qu’il n’est pas digne de tenir terre ni royaume, quand, sans loi et justice faire, ni demander à ses hommes, il estourbe son royaume, et sans nul titre de raison met hors les vaillants hommes qui le doivent aider à garder et soutenir. Pourquoi je vous présente mon gage, et vous veux prouver de mon corps contre le vôtre que vous êtes faux, mauvais et traître.

Le comte d’Erby fut tout ébahi de ces paroles, et se