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NOTES.

Que mon âme changée allait s’en dépouiller !
Votre couronne était là, sur votre oreiller,
Je regardais avec plus d’horreur que d’envie
Celle dont les soucis abrégeaient votre vie,
Et, presque mort vraiment de votre faux trépas,
Je l’insultais sans voir qu’elle n’entendait pas.
Et j’ai dit à son or : — De tous les ors le pire,
C’est toi ! tu luis, tu sers à figurer l’empire,
On t’honore, on te fête, on t’adore à genoux :
Tu serais plutôt fait pour aller aux égouts !
La médecine emploie un or qu’elle fait boire
Aux malades ; il est de bas titre, et sans gloire ;
À peine si l’on prend le temps de le trier :
Il guérit. Toi, l’or pur, tu n’es qu’un meurtrier !
Eh bien, nous allons voir si cet or qu’on renomme,
Meurtrier du vieillard, le sera du jeune homme ! —
Et je me suis jeté sur ce monstre odieux
Qui venait de tuer mon père sous mes yeux.
On ne me fera pas de reproches, j’espère,
Pour avoir défié l’assassin de mon père !
Mais si cet ennemi, quand j’ai pu le saisir,
A souillé mon esprit d’un moment de plaisir,
Si c’est ambition, hâte d’être le maître,
Orgueil, présomption d’enfant, qui m’a fait mettre
La main sur la couronne, ô père, ô majesté !
Qu’elle me soit reprise à perpétuité.
Et que je sois plus bas dans la race mortelle
Que le plus vil de ceux qui tremblent devant elle !

le roi.

Ô mon fils ! c’est le ciel qui t’avait inspiré
De t’emparer ainsi de ce souci doré
Pour te faire par là regagner ma tendresse
En te justifiant avec tant de sagesse.

Auguste Vacquérie.

(80) Extrait du drame anonyme ; Les Fameuses Victoires de Henny V (1580).

Entre le prince, un poignard à la main.
henry iv.

Viens, mon fils, viens, au nom du ciel. Je sais pourquoi tu es venu ! Mon fils ! mon fils ! Comment se fait-il que tu m’aies abandonné pour suivre cette compagnie folle et réprouvée qui égare si manifestement ta jeunesse ? Ô mon fils ! tu sais que ta conduite hâtera la fin des jours de ton père. (Il pleure.) Mais pourquoi tu as un poignard à la main, je ne le sais que par conjecture.