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RICHARD II ET HENRY IV.

rieur contre le roi par le comte de Northumberland, ligué avec Richard Scroop, archevêque d’York, Thomas Mowbray, comte maréchal, fils de Thomas, duc de Norfolk (lequel, pour la querelle entre lui et le roi Henry, avait été banni, comme vous l’avez ouï auparavant), les lords Hastings, Fauconbridge, Bardolphe et divers autres. Il fut convenu que tous se réuniraient avec le gros de leurs troupes dans la plaine d’York à un jour fixe, et que le comte de Northumberland commanderait en chef, le comte promettant d’amener avec lui un grand nombre d’Écossais.

» L’archevêque, assisté du comte maréchal, rédigea un exposé des griefs qu’on supposait devoir affecter, non-seulement les communes, mais la noblesse du royaume : lequel exposé ils montrèrent d’abord à ceux de leurs adhérents qui étaient près d’eux, et envoyèrent ensuite à leurs amis éloignés, les assurant que pour le redressement de tels maux ils étaient prêts, si besoin était, à verser la dernière goutte de leur sang. Dès que l’archevêque se vit entouré d’un grand nombre d’hommes accourus en masse à York pour prendre son parti, ne voulant plus attendre, il proclama immédiatement son entreprise, faisant afficher le manifeste susdit dans les rues de la cité d’York et aux portes des monastères, afin que chaque homme pût connaître la cause qui le décidait à prendre les armes contre le roi. Sur quoi chevaliers, écuyers, gentilshommes, tenanciers et autres gens des communes se rassemblèrent en grand nombre ; et l’archevêque s’avançant au milieu d’eux, revêtu d’une armure, les encouragea, exhorta et excita, par tous les moyens possibles, à soutenir l’entreprise ; et ainsi non-seulement tous les citoyens d’York, mais tous ceux des contrées environnantes qui étaient capables de porter les armes, se joignirent à l’archevêque et au comte maréchal. Le respect que les gens avaient pour l’archevêque les rendait d’autant plus empressés pour sa cause que la gravité de son âge, l’intégrité de sa vie et sa science incomparable, rehaussée par l’aspect vénérable de son aimable personne, lui conciliaient l’estime de tous.

» Le roi, averti de ces menées et voulant les prévenir, renonça à son voyage en Galles et marcha vers le nord en toute hâte. En même temps, Ralph Nevil, comte de Westmoreland, qui se trouvait non loin de là, ainsi que lord John de Lancastre, fils du roi, étant informés de cette tentative rebelle, rassemblèrent toutes les forces qu’ils purent lever, et, arrivés à une plaine dans la forêt de Gaultree, y firent planter leurs étendards, comme l’archevêque avait fait hisser les siens à leur approche, ayant une armée beaucoup plus nombreuse