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RICHARD II ET HENRY IV.

henry v.

Eh bien, milord, que prétendez-vous faire de mon homme ?

le juge.

N’en déplaise à Votre Grâce, la loi doit lui être appliquée, conformément à la justice : il faut qu’il soit exécuté.

henry v.

Encore une fois, milord, que prétendez-vous faire de lui ?

le juge.

N’en déplaise à Votre Grâce, conformément à la loi et à la justice, il faut qu’il soit pendu.

henry v.

Ainsi il paraît que vous prétendez pendre mon homme.

le juge.

Je suis fâché que telle doive être la conclusion.

henry v.

Çà, milord, qui suis-je, je vous prie ?

le juge.

Sous le bon plaisir de Votre Grâce, vous êtes milord le jeune prince destiné à être roi après le décès de notre souverain seigneur, le roi Henry quatrième, que Dieu fasse longtemps régner !

henry v.

Vous dites vrai, milord, et vous voulez pendre mon homme ?

le juge.

N’en déplaise à Votre Grâce, je dois faire justice.

henry v.

Dites-moi, milord, me laisserez-vous reprendre mon homme ?

le juge.

Je ne puis, milord.

henry v.

Vous ne voulez pas le laisser aller ?

le juge.

Je suis fâché que son cas soit si grave.

henry v.

Bah ! ne me casez pas de cas ! Me laisserez-vous le reprendre ?

le juge.

Je ne le puis ni ne le dois, milord.

henry v.

Dites oui, et votre réponse me ferme la bouche,

le juge.

Non.

henry v.

Non ! eh bien, je veux le ravoir.

Il donne un soufflet au juge.
ned.

Corne et tonnerre ! milord, lui ferai-je sauter la tête ?