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RICHARD II ET HENRY IV.

(14) L’if doublement fatal, c’est-à-dire fatal en raison de la nature vénéneuse de sa feuille et de la transformation de son bois en instrument de mort.

(15)

And do your follies fight against yourself.

Ce vers est omis dans l’édition de 1623.

(16) Thomas Holland, duc de Surrey, était frère de mère du roi Richard III.

(17) Cette harangue légitimiste transporte d’aise le critique tory Johnson qui, dans la ferveur de son enthousiasme, n’hésite pas à attribuer à Shakespeare lui-même l’opinion de l’évêque de Carlisle : « Voici une autre preuve, écrit le célèbre docteur, que notre auteur n’a pas appris à la cour du roi Jacques ses notions si élevées sur le droit des rois. Je ne connais pas un courtisan des Stuarts qui ait exprimé cette doctrine en termes beaucoup plus énergiques. » Sans pitié pour l’illusion royaliste de Johnson, qui commet cette bizarre erreur de confondre la pensée d’un auteur avec la pensée de son personnage, Steevens réplique à cette remarque que « Shakespeare a représenté le caractère de l’évêque, tel qu’il l’a trouvé dans Holinshed, où ce discours fameux (qui contient, dans les termes les plus exprès, la doctrine de l’obéissance passive) est conservé. » En effet, Shakespeare, fidèle à la vérité historique, s’est astreint à développer en beaux vers une prosaïque harangue rapportée par Holinshed. — Voici le récit du chroniqueur :

« Le mercredi suivant, une requête fut faite par les communes à cet effet que, puisque le roi Richard avait abdiqué et était légalement déposé de sa dignité royale, un jugement fût rendu contre lui, qui le rendît incapable de troubler le royaume, et que les causes de sa déposition fussent publiées par tout le royaume pour édifier le peuple : laquelle demande fut accordée. Sur quoi l’évêque de Carlisle, homme à la fois sage et plein d’audace, remontra hardiment son opinion concernant cette demande ; affirmant qu’il n’y avait nul parmi eux qui fût digne ou capable de donner un jugement sur un noble prince comme Richard qu’ils avaient eu pour leur souverain lige et seigneur, durant l’espace de vingt-deux ans et plus :

» Et je vous assure (dit-il) qu’il n’existe pas un traître endurci, un voleur fieffé, un meurtrier cruel, appréhendé ou détenu en prison pour son crime, qui ne soit produit devant la justice pour ouïr son jugement ; et vous voulez procéder au jugement du roi, de l’oint du