— Et bien, où est-il, ce fils qui ne veut pas attendre — que la maladie, son alliée, en ait fini avec moi ?
— Milord, j’ai trouvé le prince dans la chambre voisine, — son doux visage inondé de larmes sympathiques, — dans une attitude de si profonde douleur — que la tyrannie, qui ne s’abreuve que de sang, — aurait, en le voyant, lavé son glaive — avec des larmes de compassion. Il vient ici.
— Mais pourquoi a-t-il pris la couronne ?
— Ah ! le voici. Approche, Harry. — Vous, quittez la chambre : laissez-nous seuls.
— Je ne croyais pas devoir vous entendre encore.
— Ton désir, Harry, était le père de ta croyance. — Je tarde trop longtemps près de toi, je te fatigue. — Es-tu donc affamé de mon trône vide, — au point de vouloir à toute force revêtir mes insignes, — avant que ton heure soit mûre ? Ô jeunesse folle ! — Tu aspires à la grandeur qui doit t’écraser. — Attends un peu : la nuage de mon pouvoir, — à peine soutenu par une faible brise, — sera bien vite abattu : mon jour s’assombrit. — Tu as volé ce qui, dans quelques heures, — était à toi sans crime ; et au moment de ma mort, — tu as mis le sceau à mes prévisions. — Ta vie m’a prouvé que tu ne m’aimais pas, — et tu as voulu que, mourant, j’en eusse la certitude.