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HENRY IV.

clarence.

— Je le cultiverai avec toute ma sollicitude et toute ma tendresse.

le roi.

— Pourquoi n’es-tu pas à Windsor avec lui, Thomas ?

clarence.

— Il n’est pas là aujourd’hui ; il dîne à Londres.

le roi.

— Et en quelle compagnie ? peux-tu le dire ?

clarence.

Avec Poins et ses autres camarades habituels.

le roi.

— Le sol le plus riche est le plus sujet aux mauvaises herbes ; — et lui, la noble image de ma jeunesse, — il en est obstrué. Voilà pourquoi mon anxiété — s’étend par delà l’heure de la mort. — Mon cœur pleure des larmes de sang, quand je me représente — en traits imaginaires les jours d’égarement, — les temps de corruption que vous verrez, — quand je dormirai avec mes ancêtres. — Car, lorsque son dévergondage obstiné n’aura plus de frein, — lorsque la rage et l’ardeur du sang le conseilleront seules, — quand le pouvoir se combinera avec la prodigalité, — oh ! avec quelles ailes ses passions l’emporteront, — au milieu de périls menaçants, vers la fatale catastrophe !

warwick.

— Mon gracieux lord, vous allez beaucoup trop loin. — Le prince ne fait qu’étudier ses compagnons, — comme une langue étrangère. Pour posséder un idiome, — il est nécessaire d’avoir vu et appris — les mots les plus immodestes ; dès qu’on y est parvenu, — Votre Altesse le sait, on ne les connaît plus — que pour les éviter. De même, — quand il sera éclairé par le temps, le prince rejettera ses compagnons, — ainsi que des termes gros-