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HENRY IV.

— Et maintenant dépêchons-nous de partir pour la cour, milord. — J’apprends que le roi mon père est gravement malade. — La nouvelle de nos succès nous précédera auprès de Sa Majesté — et lui fera du bien : vous, cousin, vous la porterez, — et nous vous suivrons avec une sobre célérité. —

falstaff.

Milord, permettez-moi, je vous en conjure, de passer par le Glocestershire, et quand vous arriverez à la cour, je vous en prie, soyez bon prince pour moi dans votre bon rapport.

le prince john.

— Adieu, Falstaff ; en ma qualité suprême, — je parlerai de vous mieux que vous ne le méritez. —

Il sort.
falstaff, seul.

Je voudrais seulement que vous eussiez de l’esprit ; cela vaudrait mieux que votre duché… Sur mon âme, ce jeune gars à sang-froid ne m’aime pas (77) ; et personne ne peut le faire rire ; mais ça n’est pas étonnant, il ne boit pas de vin ! Ces garçons rigides ne viennent jamais à bien ; car leur boisson maigre, jointe à leur nombreux repas de poisson, leur refroidit tellement le sang qu’ils sont atteints d’une espèce de chlorose masculine ; et alors, quand ils se marient, ils font des femmelettes ; ils sont généralement niais et couards ; comme le seraient plusieurs d’entre nous, sans quelque stimulant. Un bon vin de Xérès a un double effet. Il vous monte au cerveau, y dessèche toutes les sottes, stupides et acres vapeurs qui l’environnent, le rend sagace, vif, inventif, et le remplit de conceptions légères, ardentes et délectables, lesquelles, transmises à la voix, à la langue qui leur donne naissance, deviennent d’excellentes saillies. La seconde propriété de votre excellent Xérès est de réchauffer le