Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
402
HENRY IV.

westmoreland.

Eh bien, milord, — c’est à Votre Grâce que s’adresse principalement — la substance de mon message. Si cette rébellion — s’avançait, comme il lui sied, en bandes ignobles et abjectes, — guidée par une jeunesse sanguinaire, couverte de haillons, — et escortée de marmousets et de canailles ; — si, dis-je, l’émeute maudite apparaissait — sous sa forme véritable, naturelle et propre, — vous, mon révérend père, et ces nobles lords, — vous ne seriez pas ici pour habiller — de vos éclatantes dignités la hideuse nudité — d’une vile et sanguinaire insurrection. Vous, lord archevêque, — dont le siége est appuyé sur la paix civique, — dont la barbe a été touchée par la main d’argent de la paix, — vous que la paix a initié à la science et aux belles-lettres, — vous dont les blancs vêtements figurent l’innocence, — colombe et esprit saint de la paix, — pourquoi, dans votre coupable égarement, traduisez-vous ainsi — la parole de paix qui recèle une telle grâce, — par le langage rauque et furibond de la guerre, — faisant de vos livres des tombes, de votre encre du sang, — de vos plumes des lances et de votre langue divine — le bruyant clairon, la fanfare de la guerre ?

l’archevêque.

— Pourquoi j’agis ainsi (74) ? telle est votre question. — Voici brièvement dans quel but. Nous sommes tous malades ; — nos excès et notre extravagant régime — nous ont donné une fièvre brûlante — qui nous rend nécessaire une saignée. C’est de cette maladie — que notre feu roi Richard, étant atteint, mourut. — Mais mon très-noble lord Westmoreland, — je ne suis pas venu ici comme médecin ; — et ce n’est pas comme ennemi de la paix — que je campe dans les rangs des hommes d’armes ; — je me borne à déployer un moment l’effrayant appareil de