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HENRY IV.

poins, lisant.

« John Falstaff, chevalier… Il faut qu’il apprenne ça à tout le monde, chaque fois qu’il a occasion de se nommer. Juste comme ces parents du roi qui ne se piquent jamais le doigt sans dire : « Voilà du sang royal qui coule ! » « Comment ça ? » dit quelqu’un qui affecte de ne pas comprendre. La réponse est toujours prête comme la révérence d’un emprunteur : « Je suis le pauvre cousin du roi, monsieur. »

le prince henri.

Oui-dà, ils veulent être nos parents, dussent-ils pour ça remonter jusqu’à Japhet. Mais la lettre ?…

poins, lisant.

« Sir John Falstaff, chevalier, au fils du roi, le plus proche héritier de son père, Harry, prince de Galles, salut !… Eh ! mais c’est un certificat.

le prince henry.

Paix !

poins.

« Je veux imiter le noble Romain dans sa brièveté… Sûrement il veut dire brièveté d’haleine, respiration courte… Je me recommande à toi, je te recommande au ciel, et je prends congé de toi. Ne sois pas trop familier avec Poins, car il mésuse de tes faveurs jusqu’à jurer que tu dois épouser sa sœur Nelly. Fais pénitence à tes heures de loisir, comme tu pourras, et, sur ce, adieu. »

« À toi, oui et non (c’est-à-dire selon tes procédés). Jack Falstaff, avec mes familiers ; John, avec mes frères et sœurs ; et sir John avec toute l’Europe. »

Milord, je vais tremper cette lettre dans du Xérès, et la lui faire manger.

le prince henry.

Ce sera le forcer à manger vingt de ses mots… Mais