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SCÈNE III.

mowbray.

— J’approuve les raisons de notre prise d’armes ; — mais je voudrais comprendre plus nettement — comment nous pouvons parvenir avec nos ressources — à présenter un front suffisamment hardi et solide — à la puissante armée du roi.

hastings.

— Nos forces présentes, mises en ligne, s’élèvent — à vingt-cinq mille hommes d’élite ; — et des renforts considérables sont attendus — du grand Northumberland dont le cœur couve — un incendie de ressentiments.

lord bardolphe.

— La question, lord Hastings, se réduit donc à ceci : — nos vingt-cinq mille hommes présents — peuvent-ils tenir la campagne, sans Northumberland ?

hastings.

— Avec lui, ils le peuvent.

lord bardolphe.

Oui, parbleu, voilà le vrai. — Mais si, sans lui, nous nous jugeons trop faibles, — mon avis est que nous ne devons pas nous avancer trop loin, — avant d’avoir ce secours sous la main. — Car, dans une affaire de si sanglant aspect, — les conjectures, les espérances, les suppositions — d’auxiliaires incertains doivent être non avenues.

l’archevêque.

— Vous avez raison, lord Bardolphe ; car c’est là effectivement — le cas du jeune Hotspur à Shrewsbury.

lord bardolphe.

— Justement, milord ; il s’était bercé d’espérances, — aspirant l’air dans l’attente de secours promis, — se flattant de recevoir des renforts, — qui, en réalité, ont été inférieurs à ses plus infimes calculs ; — et c’est ainsi qu’avec la grande imagination — propre aux fous, il a