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SCÈNE II.

imaginative. Mais, vous tous qui restez au logis à baiser madame la Paix, faites donc des prières pour que nos armées ne se rencontrent pas par une journée chaude ! Car je n’ai pris, pardieu, que deux chemises avec moi, et je ne prétends pas suer extraordinairement. Pour peu que la journée soit chaude, si je brandis autre chose que ma bouteille, je veux ne plus jamais cracher blanc. À peine voit-on poindre une affaire dangereuse qu’on me flanque dedans. Je ne peux pourtant pas durer toujours (57). Mais ç’a toujours été la manie de notre nation anglaise : dès qu’elle a quelque chose de bon, elle le met partout. Si vous vous obstinez à dire que je suis vieux, vous devriez me donner du repos. Plût à Dieu que mon nom fût moins terrible à l’ennemi ! J’aimerais mieux être rongé à mort par la rouille que réduit à néant par un mouvement perpétuel.

le grand juge.

Allons, soyez honnête, soyez honnête, et que Dieu bénisse votre expédition !

falstaff.

Votre seigneurie voudrait-elle me prêter mille livres pour m’équiper ?

le grand juge.

Pas un penny, pas un penny : vous êtes par trop pressé d’ajouter à vos charges. Portez-vous bien ; recommandez-moi à mon cousin Westmoreland.

Le grand juge et l’exempt sortent.
falstaff.

Si je le fais, qu’on me tarabuste à coups de maillet ! L’homme ne peut pas plus séparer l’avarice de la vieillesse que la paillardise du jeune âge. Mais la goutte tourmente l’une, et la vérole pince l’autre. Et ces deux fléaux-là rendent toute malédiction superflue… Page !

le page.

Messire ?