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SCÈNE II.

falstaff.

Et j’apprends, en outre, que Son Altesse a été attaquée de nouveau par cette putain d’apoplexie.

le grand juge.

Eh bien, que le ciel lui rende la santé ! Laissez-moi vous parler, je vous prie.

falstaff.

À mon idée, cette apoplexie est une sorte de léthargie, n’en déplaise à votre seigneurie ; une sorte d’assoupissement du sang, un coquin d’éblouissement.

le grand juge.

Qu’est-ce que vous me dites-là ? qu’elle soit ce qu’elle voudra.

falstaff.

Elle a son origine dans un excès de souffrance ou d’étude, dans une perturbation du cerveau. J’ai lu dans Galien la cause de ses effets ; c’est une espèce de surdité.

le grand juge.

Je crois que vous êtes atteint de la maladie ; car vous n’entendez pas ce que je vous dis.

falstaff.

Très-bien, milord, très-bien ; mais, ne vous en déplaise, c’est plutôt l’infirmité de ne pas écouter, la maladie de ne pas faire attention, qui me trouble.

le grand juge.

En vous punissant par les talons, on rectifierait l’inattention de vos oreilles ; et je ne répugnerais pas à devenir votre médecin.

falstaff.

Je suis aussi pauvre que Job, milord, mais pas aussi patient. Votre seigneurie peut, en raison de ma pauvreté, m’administrer la potion de l’emprisonnement ; mais comment j’aurai la patience de suivre vos prescriptions, c’est un point sur lequel les savants pourraient avoir quelques grains de scrupule, voire même un scrupule entier.