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SCÈNE I.

que je voudrais, Dieu le sait, ne pas avoir vu. — Mais je l’ai vu de mes yeux, sanglant, — épuisé, hors d’haleine, ne ripostant plus que mollement — à Harry Monmouth ; j’ai vu le prince, dans l’élan de sa furie, — renverser à terre l’intrépide Percy, — qui ne s’est plus relevé vivant. — Bref, la mort de ce capitaine dont l’ardeur enflammait — le plus grossier paysan de son camp, — une fois ébruitée, a refroidi — le courage le plus éprouvé de son armée. — Car c’était à sa trempe que s’acérait son parti ; — lui détruit, tout le reste — s’est affaissé comme un plomb massif et pesant. — Et de même que l’objet le plus lourd — vole, une fois lancé, avec le plus de rapidité, — ainsi nos hommes, accablés par la perte d’Hotspur, — ont communiqué au poids de cette douleur l’élan de la panique, — et, plus rapides que des flèches volant vers leur but, — nos soldats ont cherché leur salut — dans la fuite. C’est alors que le noble Worcester, — a été trop aisément fait prisonnier ; et ce furieux Écossais, — le sanglant Douglas, dont la laborieuse épée — avait trois fois tué le spectre du roi, — a commencé à perdre courage, et a honoré la honte — de ceux qui tournaient le dos ; dans sa fuite, — la peur l’a fait trébucher, et il a été pris. La conclusion — est que le roi a triomphé, et qu’il a envoyé — contre vous, milord, une colonne mobile, — commandée par le jeune Lancastre — et par Westmoreland. Voilà la vérité tout entière.

northumberland.

— J’aurai toujours le temps de m’en désoler. — Dans le poison il y a un remède ; et ces nouvelles — qui, bien portant, m’auraient rendu malade, — malade, m’ont en quelque sorte rétabli. — Et ainsi qu’un malheureux dont les jointures affaiblies par la fièvre, — pareilles à de fragiles charnières, fléchissent sous la vie, — tout à coup, emporté par un accès, s’échappe comme une flamme —