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SCÈNE XV.

le prince henry.

— Plus d’une âme, dans nos deux armées, — paiera cher cette rencontre, — si une fois elles en viennent aux prises. Dites à votre neveu — que le prince de Galles se joint au monde entier — pour louer Henry Percy. J’en jure par mes espérances, — l’entreprise présente mise de côté, — je ne crois pas qu’il existe aujourd’hui un gentilhomme plus brave, — plus activement vaillant, plus vaillamment jeune, — plus audacieux ou plus hardi — à honorer notre époque par de nobles actions. — Pour ma part, je dois le dire à ma honte, — j’ai été infidèle à la chevalerie ; — et telle est, je le sais, l’opinion qu’il a de moi. — Cependant, je le déclare devant la majesté de mon père, — je consens à lui laisser prendre sur moi l’avantage — de sa grande renommée et de sa gloire, — et j’offre, pour épargner le sang des deux partis, — de tenter la fortune contre lui dans un combat singulier.

le roi.

— Et nous, nous n’hésitons pas, prince de Galles, à te risquer dans cette lutte, — quoique des considérations immenses — s’y opposent… Non, bon Worcester, non ; — nous aimons fort notre peuple ; nous aimons ceux même — qui se sont égarés dans le parti de notre neveu ; — et, s’ils veulent accepter l’offre de notre clémence, — lui, eux, vous tous, oui, tous, — vous redeviendrez mes amis, et je serai le vôtre. — Dites-le à votre neveu, et rapportez-moi — sa réponse ; mais s’il ne cède pas, — la réprimande et la redoutable correction sont à nos ordres — et feront leur office. Sur ce, partez ; — nous ne voulons plus être ennuyés de pourparlers ; — nos offres sont belles, acceptez-les sagement.

Sortent Worcester et Vernon.