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SCÈNE XI.

vernon.

Tous équipés, tous sous les armes, — tous, la plume d’autruche au vent, — battant des ailes comme des aigles qui viennent de se baigner, — étincelants comme des images sur leurs cottes d’or, — pleins d’ardeur comme le mois de mai — et splendides comme le soleil à la mi-été, — folâtres comme de jeunes chèvres, farouches comme de jeunes taureaux. — J’ai vu le jeune Henry, la visière baissée, — les cuissards aux cuisses, galamment armé, — s’élancer de terre comme un Mercure ailé, — et sauter en selle avec une telle aisance, — qu’on eût dit un ange descendu des cieux, — pour monter et manier un ardent Pégase, — et charmer le monde par sa noblesse équestre !

hotspur.

— Assez, assez ! pire que le soleil de mars, — cet éloge donne la fièvre. Qu’ils viennent ! — Ils arriveront parés comme des victimes, — que nous offrirons, toutes chaudes et toutes saignantes, — à la vierge flamboyante de la Guerre qui fume. — Mars, vêtu de maille, va trôner sur son autel, — ayant du sang jusqu’aux oreilles ! Je suis en feu, — quand je songe à ce riche butin qui est si près de nous, — et qui n’est pas à nous. — Allons, vite, que je prenne mon cheval — qui doit me lancer comme la foudre — contre la poitrine du prince de Galles. — Nous allons nous mesurer. Henry contre Henry, destrier contre destrier, — et nous ne nous séparerons que quand l’un de nous aura laissé tomber un cadavre. — Oh ! que Glendower n’est-il arrivé !

vernon.

Encore une nouvelle ! — J’ai appris à Worcester, tout en chevauchant, — qu’il ne peut réunir ses forces avant quinze jours.