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SCÈNE IX.

gnez pas, — car nous aurons bientôt besoin de vous.

Les lords sortent.

— Je ne sais si c’est pour quelque offense par moi commise — que Dieu a voulu, — dans son mystérieux jugement, faire naître — de mon sang le fléau destiné à me frapper ; — mais, par les écarts de ton existence, tu — me ferais croire que tu es désigné entre tous — pour être le brûlant instrument, la verge céleste — qui doit punir mes transgressions. Autrement, dis-moi, — comment des passions si dépravées, si basses, — des occupations si misérables, si sordides, si impures, si viles, — des plaisirs si stériles, une société aussi grossière — que celle à laquelle tu t’associes et t’adjoins, — pourraient-elles se concilier avec la grandeur de ta race, — et être de niveau avec ton cœur princier ?

le prince henry.

— Sous le bon plaisir de Votre Majesté, je voudrais pouvoir — me justifier de toutes mes fautes — aussi complètement que je suis sûr de me laver de — maintes accusations lancées contre moi, — Aussi bien, laissez-moi implorer votre indulgence ; — et quand j’aurai réfuté les nombreuses fables — que l’oreille du pouvoir est trop souvent condamnée à entendre — de la bouche des flagorneurs souriants et de vils faiseurs de nouvelles, — puissent les quelques erreurs réelles où s’est égarée — à tort mon irrégulière jeunesse — trouver leur pardon dans mon sincère repentir !

le roi.

— Dieu te pardonne !… Pourtant, Harry, laisse-moi m’étonner — de tes aspirations qui prennent un vol — tout à fait contraire à l’essor de tous tes ancêtres. — Tu as brutalement perdu ta place au conseil, — laquelle est maintenant occupée par ton frère puîné ; — et tu t’es à peu près aliéné les cœurs — de toute la cour et des prin-