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HENRI IV.

rognées et d’un corbeau qui mue, — d’un lion couchant et d’un chat rampant, — et de je ne sais quel galimatias — qui me met hors de moi (45). Je vais vous dire, — la nuit dernière encore il m’a tenu neuf heures au moins — à énumérer les noms des divers diables — qui étaient ses laquais. Je criais humph ! bien ! continuez ! — mais je n’écoutais pas un mot. Oh ! il est aussi fastidieux — qu’un cheval fatigué, qu’une femme bougonne, — pire qu’une maison enfumée. J’aimerais mieux — vivre de fromage et d’ail dans un moulin à vent, bien loin, — que de faire la meilleure chère et de l’entendre causer, — dans n’importe qu’elle maison de plaisance de la chrétienté.

mortimer.

— Ma loi, c’est un digne gentilhomme, — parfaitement instruit et initié — à d’étranges mystères ; vaillant comme un lion, — et prodigieusement affable, et aussi généreux — que les mines de l’Inde. Vous le dirai-je, cousin ? — il a pour votre caractère de grands égards, — et il fait même violence à sa nature, — quand vous contrariez son humeur ; oui, ma foi. — Je vous garantis qu’il n’y a pas un homme vivant — qui aurait pu le provoquer comme vous l’avez fait, — sans essuyer une terrible rebuffade. — Mais ne recommencez pas souvent, je vous en conjure.

worcester.

— En vérité, milord, vous vous obstinez trop dans votre tort ; — depuis votre arrivée ici, vous en avez assez fait — pour pousser sa patience à bout. — Il faut que vous appreniez, milord, à vous corriger de ce défaut-là. — Bien que parfois il atteste de la grandeur, du courage, de la noblesse — (et c’est là la grâce suprême qu’il vous donne), — souvent néanmoins il décèle l’emportement brutal, — le défaut de manières, le manque de retenue,