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HENRI IV.

worcester.

— Le voilà occupé d’un tas de chimères, — et nullement de l’objet qui réclame son attention… — Bon neveu, donnez-moi un moment d’audience.

hotspur.

— J’implore votre merci.

worcester.

Ces nobles Écossais, — qui sont vos prisonniers…

hotspur.

Je les garderai tous. — Pardieu, il n’en aura pas un seul de ces Écossais. — Non, ne fallût-il qu’un Écossais pour sauver son âme, il ne l’aurait pas ; — par ce bras, je les garderai.

worcester.

Vous vous emportez, — sans même prêter l’oreille à mes desseins. — Ces prisonniers, vous les garderez…

hotspur.

Certes, je les garderai ; cela est net. — Il a dit qu’il ne rachèterait pas Mortimer ; — il a défendu de parler de Mortimer ; — mais j’irai le trouver pendant son sommeil, — et je lui hurlerai à l’oreille : Mortimer ! — Oui-da, j’aurai un sansonnet qui sera dressé à ne dire — qu’un mot : Mortimer ! et je le lui donnerai — pour tenir sa colère en mouvement !

worcester.

Écoutez, mon neveu ; un mot…

hotspur.

Je m’engage ici solennellement à avoir pour unique étude — de vexer et de tourmenter ce Bolingbroke un mot : Mortimer ! et je le lui donnerai — pour tenir sa colère en mouvement !

worcester.

Écoutez, mon neveu ; un mot…

hotspur.

Je m’engage ici solennellement à avoir pour unique étude — de vexer et de tourmenter ce Bolingbroke — et ce prince de cape et d’épée, le prince de Galles. — Si je n’avais dans l’idée que son père ne l’aime pas — et serait bien aise qu’il lui arrivât malheur, — je le ferais empoisonner avec un pot d’ale.