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SCÈNE III.

ne sais quoi… — qu’il les aurait ou ne les aurait pas ; car j’étais exaspéré — de le voir, si reluisant et si parfumé, — parler, avec un ton de dame d’atours, — de canons, de tambours, de blessures. Dieu me pardonne ! — et me dire que le remède souverain par excellence — pour les contusions internes était le spermaceti, et que c’était vraiment grand dommage — que des entrailles de la terre inoffensive — eût été extrait ce vilain salpêtre — qui avait détruit si lâchement — tant de braves et beaux hommes, et que, sans ces misérables canons, — lui-même il eût été soldat. — À ce verbiage impertinent et décousu, milord, — j’ai répondu vaguement, comme je vous l’ai dit ; — aussi, je vous en conjure, ne permettez pas que son rapport — s’élève à la hauteur d’une accusation — entre mon dévouement et Votre Majesté.

blunt.

— Les circonstances étant considérées, mon bon seigneur, — tout ce que Harry Percy a pu dire — à un pareil personnage, en pareil lieu, — à pareil moment, ainsi que le rapport qui en a été fait, — peut être enseveli dans un juste oubli. Qu’on ne relève pas — à son détriment ni à sa charge ce qu’il a dit alors, puisqu’il se dédit maintenant.

le roi.

— Toujours est-il qu’il nous refuse ses prisonniers, — à moins (c’est là sa condition) — que nous ne rachetions à nos propres dépens — son beau-frère, l’imbécile Mortimer. — Sur mon âme, le comte de Marche a volontairement sacrifié — la vie de ceux qu’il menait au combat — contre ce formidable magicien, ce damné Glendower, — dont il vient, nous l’apprenons, — d’épouser la fille. Allons-nous donc — vider nos coffres pour racheter un traître ? — Allons-nous payer la trahison, et transiger avec des vasseaux — qui se sont perdus et ruinés eux-même ? — Non, qu’il meure de faim dans ces mon-