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HENRI IV.

falstaff.

Écoute, Yedward ; si je reste céans et ne vais pas là-bas, je veux que vous soyez pendus pour y avoir été.

poins.

Viendrez-vous, mes gaillards ?

falstaff.

Hal, veux-tu en être ?

le prince henry.

Qui ? moi ! voler ! Moi, un bandit ! Moi ! non, ma foi !

falstaff.

Il n’y a ni honnêteté, ni énergie, ni bonne camaraderie en toi et tu n’es point issu du sang royal, si tu n’as pas le courage de te mettre en campagne pour un souverain.

le prince henry.

Eh bien donc, une fois dans ma vie je veux faire une folie.

falstaff.

Ah ! voilà qui est bien dit !

le prince henry.

Oui, advienne que pourra, je resterai au logis.

falstaff.

Pardieu, je me révolterai, quand tu seras roi.

le prince henry.

Je ne m’en soucie guère.

poins.

Sir John, je t’en prie, laisse-nous seuls, le prince et moi ; je lui donnerai de si bonnes raisons pour cette expédition, qu’il viendra.

falstaff.

Soit. Puisses-tu avoir l’esprit qui persuade, et lui, l’oreille qui profite ! Puisse ce que tu diras être émouvant, et ce qu’il entendra être convaincant, au point que le vrai prince veuille, par récréation, devenir un faux voleur ; car les pauvres abus de notre temps ont grand