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HENRI IV.

que foulèrent les pieds divins — qui, il y a quatorze cents ans, furent cloués, — pour notre salut, sur la croix amère ! — Mais ce projet est déjà vieux d’un an, — et il va sans dire que nous l’accomplirons. — Ce n’est pas pour le discuter que nous nous réunissons… Donc, — mon beau cousin Westmoreland, apprenez-moi — ce qu’a décidé hier soir notre conseil — pour hâter une expédition si chère.

westmoreland.

— Mon suzerain, la question était chaudement agitée, — et plusieurs états de dépenses étaient déjà arrêtés, — hier soir, quand à la traverse est arrivé — un courrier du pays de Galles, chargé de graves nouvelles. — La pire de toutes, c’est que le noble Mortimer, — qui conduisait les hommes de l’Herefordshire — contre l’irrégulier, le sauvage Glendower, — a été fait prisonnier par la rude main de ce Gallois. — Mille de ses gens ont été massacrés, — et sur leurs cadavres de telles violences, — de si brutales, de si honteuses mutilations — ont été commises par les Galloises qu’on ne peut — les redire ni en parler sans rougir.

le roi.

— Et il paraît que la nouvelle de ce combat — aurait suspendu nos préparatifs pour la Terre Sainte.

westmoreland.

— Oui, cette nouvelle aggravée par d’autres, mon gracieux seigneur. — Car il en est venu du nord de plus défavorables — et de plus fâcheuses. Voici ce qu’on rapporte. — Le jour de la Sainte-Croix, le vaillant Hotspur, — le jeune Harry Percy et le brave Archibald, — cet Écossais de vaillance éprouvée, — ont eu une rencontre à Holmédon. — La journée a dû être sérieuse et sanglante, — à en juger par les décharges de leur artillerie : — c’est la conjecture du porteur de la nouvelle — qui, au moment