Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
SCÈNE XIX.

entre tes plus grands ennemis, — Richard de Bordeaux, amené là par moi.

bolingbroke.

— Exton, je ne te remercie pas ; car tu as, — de ta main fatale, commis une action qui retombera en opprobre — sur ma tête et sur cet illustre pays.

exton.

— C’est sur un mot de vous, milord, que je l’ai commise.

bolingbroke.

— Ils n’aiment pas le poison, ceux qui ont besoin du poison, — et je ne t’aime pas. Quoique j’aie souhaité sa mort, — je l’aime assassiné, et hais son assassin. — Pour ta peine reçois les reproches de ta conscience, — mais non mon approbation ni ma faveur princière. — Va errer avec Caïn dans l’ombre de la nuit, — et ne montre jamais ta tête au jour ni à la lumière. — Milords, je vous l’assure, c’est pour mon âme une profonde tristesse — que ma grandeur naissante ait été arrosée de sang. — Venez vous associer au deuil qui m’afflige, — et couvrez-vous vite du noir funèbre. — Je veux faire un voyage en Terre Sainte, — pour laver de ce sang ma main coupable. — Marchez tristement à ma suite, et, honorant mon deuil, — suivez en larmes cette bière prématurée.

Ils sortent.


fin de richard ii.