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SCÈNE XVI.

de notre pays ; — nous ne comprenons rien à ce français ironique. — Ton regard commence à parler, prête-lui ta voix ! — Ou bien donne une oreille à ton cœur compatissant, — afin qu’entendant nos plaintes et nos prières perçantes, — tu sois ému de pitié assez pour pardonner !

bolingbroke.

— Bonne tante, relevez-vous.

la duchesse.

Je ne demande pas à me relever, — L’unique grâce que je sollicite, c’est un pardon.

bolingbroke.

— Je lui pardonne comme Dieu me pardonnera.

la duchesse.

— Ô heureux triomphe d’un genou ployé ! — Pourtant, je ne suis pas guérie de ma frayeur : redis encore cela. — Répéter un pardon, ce n’est pas doubler le pardon, — c’est seulement le confirmer.

bolingbroke.

— De tout mon cœur je lui pardonne.

la duchesse.

Tu es un dieu sur la terre.

bolingbroke.

— Quant à ce loyal beau-frère (24), et à cet abbé, — et au reste de cette clique de conjurés, — la destruction va leur aboyer aux talons. — Bon oncle, faites envoyer des troupes — à Oxford et partout où se trouveront ces traîtres. — Je jure qu’ils ne vivront pas longtemps en ce monde, — sans que je les attrape, si une fois je sais où ils sont. — Mon oncle, adieu… Adieu cousin. — Votre mère a heureusement prié pour vous ; soyez désormais fidèle.

la duchesse.

— Viens, mon fils, viens, vieux pécheur ; que Dieu fasse de toi un homme nouveau.

Ils sortent (25).