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SCÈNE XIII.

bolingbroke.

— Êtes-vous consentant de renoncer à la couronne ?

richard.

— Oui… et non, car je ne dois plus rien être ; — non, non, car je renonce pour toi à être ce que je suis. — Remarque maintenant comme je vais me dépouiller : — je retire ce lourd diadème de ma tête, — ce sceptre incommode de ma main, — et de mon cœur l’orgueil du pouvoir royal. — Avec mes propres larmes je me lave de l’onction sainte : — de mes propres mains j’enlève ma couronne ; — de ma propre bouche j’abjure ma dignité sacrée ; — de ma propre voix j’annule tous les serments de fidélité, — j’abdique toute pompe et toute majesté, — j’abandonne mes manoirs, rentes et revenus, — je rapporte mes actes, décrets et statuts. — Que Dieu pardonne tous les serments violés envers moi ! — Que Dieu maintienne inviolables tous les serments à toi prêtés ! — Qu’il ne m’afflige plus de rien, moi qui n’ai plus rien, — et qu’il t’exauce en tout, toi qui as tout acquis ! — Puisses-tu vivre longtemps assis sur le trône de Richard, — et puisse Richard être bientôt couché dans un trou sous la terre ! — Dieu sauve le roi Henry, c’est le vœu de l’ex-roi Richard ! — Dieu veuille lui accorder maintes années de jours radieux ! — Que me reste-t-il à faire ?

northumberland, lui présentant un papier.

Il vous reste à lire — ces accusations, ces crimes graves — commis par votre personne et par vos familiers — contre l’État et les intérêts de ce pays, — afin que par cette confession la conscience de tous — soit convaincue que vous êtes justement déposé.

richard.

— Le faut-il ? faut-il que je dévide — l’écheveau de mes folies ? Bon Northumberland, — si tes fautes étaient